Rappeur de l’ombre depuis 2006, « Nyne Diantre » n’en demeure pas moins un artiste à part entière, maniant les mots avec grande élégance. Auteur d’un duo avec Snoop Dogg (Faya), il est capable d’écrire aussi facilement qu’il respire l’air toulousain, cet artiste trentenaire a fait des choix bien définis, quitte à mettre entre parenthèses la carrière qui s’offrait à lui dans la « dirty music ». Ce sont les femmes qui l’ont d’abord inspiré, avant que la réalité du quotidien ne se décide à prendre le dessus . Saisi par la pertinence des Fleurs du mal de Baudelaire, ce mélomane hors-pair, grand amateur de bijoux, s’est confié pour US FULL sans la moindre langue de bois, se disant prêt à reprendre du service à tout moment.
Comment en vient-on à écrire des textes et à se lancer dans le rap ?
« Mon seul rapport avec le hip hop c’est via le rap. Je suis un mauvais graffeur, un piètre danseur et pas forcément un bon rappeur, mais c’est par ce biais là que je suis rentré dans le mouvement. Vu que je suis un grand amoureux de la musique, j’ai chopé le wagon en marche et les choses se sont greffées petit à petit. Je fais partie de la génération Secteur A pour la France, et de No Limit Records aux États-Unis. »
« Même si l’école n’était pas trop ma tasse de thé, j’ai agi selon les opportunités qui se sont présentées. Journalisme, écriture, création d’un groupe, initiatives en solo, j’ai fini formateur après avoir suivi moi-même une formation ! J’ai constaté qu’il n’existait pas un si grand fossé entre une passion et un métier, et que finalement, le rap peut amener beaucoup de choses, beaucoup de rencontres. Surtout depuis qu’internet contrôle une grande partie de l’industrie du disque. Ce fut le cas pour moi. »

Toulousain pur jus !
Quelles sont tes influences majeures ?
« Mes influences sont principalement musicales. Au départ, je viens de la poésie et de la variété voire de la pop music. Michel Polnareff et David Bowie m’ont fait bander avant Master P ! C’est dire à quel point l’écart est grand lorsque l’on voit l’exigence des deux premiers, et la négligence du troisième. »
« Au final ça m’a déteint un peu dessus avec moins de talent. Citer toutes mes influences prendrait trop de temps, j’ai une collection assez énorme d’albums qui vont du rap au reggae, à la pop, et au rock… Pour faire une synthèse, j’aime citer Bowie et Master P. Cependant, je n’oublie pas Freddie Mercury (Queen), pour le charisme hors norme et l’honnêteté dont il a fait preuve de son vivant. Puis Alain Bashung et Christophe, deux géants, à qui la chanson française doit beaucoup. Le rappeur Dadoo possède également une très belle plume. »
Quelles démarches as-tu entrepris pour accéder au milieu du rap français ?
« Les démarches ont été simples, j’ai voulu écouter des disques qui n’étaient pas disponibles en France en 95-97. Pour choper du No limit Records ou du Hypnotize Minds (deux labels américains), c’était une vraie galère ! Donc, j’écumais les rayons « export », et surtout, j’ai squatté « Soulseek » à l’époque, pour que les Américains nous balancent des albums introuvables, parfois même des cassettes. A partir de là, dès lors que tu as le background sur ces mecs inconnus, tu finis par le partager sur le net, via Skyblog au moment où cela fonctionnait bien, et sur des forums pirates. Tout ça a fini par déboucher sur une sorte de presse alternative et des émissions de radios entre autres… »
Puis l’appel du micro s’est ainsi fait ressentir …
« Un jour, mon ami « Chelpy » a réuni plusieurs potes devant le micro d’un vieux pc. Après avoir séché un jeudi de cours, j’ai davantage été tenté par les rimes, que par une énième partie de Playstation. »
« 5 ans après, j’ai fini par faire des morceaux avec Snoop Dogg ou Bone Thugs N Harmony. Comme quoi la vie réserve parfois son lot de bonnes surprises. Pour faire simple je dois tout à Chelpy mon frère, qui m’a fait rapper en premier, et à Killaz (producteur du groupe Tandem) mon autre frère qui m’a produit 48 h après que j’ai enregistré mon premier morceau de groupe. Il a su flairer que j’avais un délire bon ou mauvais, mais un délire quand même… Voilà le reste c’est du blabla, sans ces deux-là je pense que j’aurais rien fait dans le rap, je pense même que je n’aurais jamais pris l’initiative d’en faire sans eux ! »

Salut ! Moi c’est Snoop Dogg !
Snoop Dogg fait partie des légendes vivantes au sein du milieu du hip hop. Comment ce featuring s’est il négocié ?
« Il faut savoir qu’il n’y a pas eu de rencontres entre nous, juste des échanges sur le net. Dans un premier temps, j’ai eu l’opportunité de faire un morceau avec Drake, puis c’est finalement avec Snoop Dogg que j’ai trouvé un terrain d’entente, sans dépenser le moindre argent. Les Américains sont assez arrogants, ils demandent souvent des dollars à outrance pour collaborer. On a échangé des fichiers, il a aimé l’instru du morceau et mes couplets. Quelques jours plus tard, j’ai reçu son couplet enregistré et calibré. Même chose avec Junior Reid, avec qui le courant est très bien passé. Un grand homme, assurément ! »
Tu as écrit beaucoup de textes, cependant tu n’as jamais sorti le moindre album. Une explication à cela ?
« J’ai d’énormes problèmes à terminer mon album « Bonification Fatale » depuis 3-4 ans, même s’il est déjà enregistré en triple. J’ai bossé entre 180 et 200 morceaux qui ne se finalisent pas. Du coup, j’ai décidé à l’approche de la trentaine, d’éviter de finir en rappeur « has been ». Considérons que je suis en pause, en attendant que mon producteur ne se décide techniquement à finaliser mes travaux. Entre nous, il y a un grand respect, donc je ne lui ferai pas d’infidélité en proposant ma musique à quelqu’un d’autre. »
Si jamais tout s’accélère, serais-tu prêt à assurer la promo d’un album ?
« Si les morceaux viennent à sortir, je saurais faire ce qu’il faut pour qu’un album soit soigneusement construit, en rapport avec l’évolution du courant musical. Si ça reste bloqué, je me contenterais dans ma “retraite”. La musique c’est magnifique ! Il ne faut pas lui manquer de respect ! C’est un truc avec lequel je ne rigole pas. J’ai eu la chance de faire du son avec des légendes, je ne suis pas la pour faire le zouave sur internet. Soit je diffuse, soit je me tais. Le respect pour les artistes qui ont collaboré à cet album m’oblige à faire les choses proprement. »
Nyne Diantre est attaché de manière viscérale à la ville de Toulouse. Outre la musique, ce fervent défenseur des droits de la femme, reste un amateur de sport et de basket-ball plus particulièrement. Il voue une admiration exclusive au brillant joueur des Washington Wizards : John Wall, à qui une chanson spéciale a été écrite. Il a également composé des morceaux sur d’autres personnalités : Emma De Caunes, Vladimir Poutine, Jacques Chirac…
Son clip : Chirac back (2012)
Sources : US-full.com