Cette nuit, c’est sous les premiers flocons de l’hiver arrivant que l’Impact Montréal recevra Toronto pour la finale aller de conférence Est de MLS. Inédite à ce stade de la compétition, cette rencontre 100 % canadienne va offrir un véritable combat entre deux équipes rivales qui ont chacune réussi à faire tomber une équipe new-yorkaise au tour précédent.Et dans ce genre de match, le talent d’un seul joueur peut tout faire basculer. Ça tombe bien, Montréal tient sa pépite en la personne d’Ignacio Piatti ! Portrait…

Le Monsieur Météo qui fait la pluie et le beau temps à Montréal.
Talent précoce et échecs européens
Né le 4 février 1985 à General Baldissera, le jeune Ignacio débute le football dans l’équipe de sa ville où il développe un talent de fin technicien mais aussi de buteur, à tel point qu’il est engagé par les Newell’s Old Boys à l’âge de 15 ans. Ne se sentant pas à l’aise, l’adolescent rejoint le CA Talleres, club phare de Cordoba pour continuer à se construire. Promis à un bel avenir, Piatti s’envole une première fois pour l’Europe et l’Italie où il valide l’essai offert par la Roma, mais finalement, l’opération capote, l’Argentin n’arrivant pas à obtenir de passeport italien alors que son grand-père vient de la Grande Botte. Déçu, mais pas abattu, celui que tout le monde appelle «Nacho» retente, quelques mois plus tard, sa chance à Galatasaray puis à Nice, mais il est à chaque fois recalé. Entre-temps, le milieu de terrain décide de s’établir à la capitale, Buenos Aires, en signant au Chacarita Juniors qui évolue alors en Primera B, la seconde division argentine. Grand bien lui prend puisqu’à seulement 19 ans, celui qui portera désormais le n°16 fait ses grands débuts avec l’équipe première, engrangeant du temps de jeu avant de véritablement exploser la saison suivante. Meilleur passeur du championnat, auteur de 10 buts et auréolé du titre de meilleur joueur de la saison, le tout à seulement 20 ans, Ignacio Piatti commence à faire sérieusement parler de lui et attire la convoitise. Il s’envole alors en janvier 2004 pour la France et l’AS Saint-Etienne et est présenté comme un grand espoir du football argentin. Sauf que rien ne se passera comme prévu dans le Forez. Arrivé en milieu de saison et en plein hiver dans un pays qu’il ne connaît pas, le jeune homme n’arrive pas à s’acclimater et ne s’impose pas dans l’équipe, souvent prit à défaut pour son manque de physique. Il ne jouera pas un seul match de Ligue 1, devant se contenter des matchs de la réserve et trois petites apparitions en Coupe de la Ligue. La saison suivante se déroule encore plus mal, Piatti continuant à se faire dépasser dans la hiérarchie et ne passant que sept minutes sur les terrains de L1 lors de son unique entrée en jeu lors d’une défaite 4-0. Dépité, le jeune homme décide alors de rentrer en Argentine au bout d’un an seulement passé en France.

SOS porté disparu ! Les Verts ont vite oublié Piatti (2006-2007)
Renaissance, nouvel échec européen et premiers titres
Une fois rentré au pays, Piatti découvre la Primera Division en signant au Gimnasia La Plata. À Bueno Aires, il retrouve son football, s’imposant très rapidement comme le leader technique de son équipe et profitant de la confiance de son entraîneur Julio César Falcioni. Attaché à ce club avec lequel qu’il inscrit dix buts en plus de quatre-vingts matchs, le milieu est obligé de quitter Gimnasia à cause d’un litige financier avec la direction et rejoint alors Independiente où il devient la pierre angulaire du jeu des Diables Rouges, inscrivant huit buts sur la seule saison qu’il jouera du côté de l’Estadio Libertadores de America. Désireux de retenter sa chance en Europe, s’estimant assez mûr à 25 ans, Ignacio Piatti s’engage avec Lecce, promu en Serie A et de retour sur le Vieux Continent. Problème, là non plus l’Argentin n’arrive pas à s’imposer, ne prenant part qu’à 38 matchs en deux saisons pour seulement 3 buts. Si sur le terrain ce nouvel échec est difficile, car le manque de temps de jeu se fait ressentir, Piatti gagne en mental et décide une nouvelle fois de rentrer au pays pour cette fois-ci, jouant dans un grand club. Il s’engage alors avec San Lorenzo où il devient, en quelques semaines, un élément indéboulonnable. La mayonnaise prend tellement bien que le club préféré du Pape François remporte le championnat d’ouverture en 2013 avant, l’année suivante de chiper, aux Paraguayens de Nacional, le titre suprême en Amérique du Sud, la Copa Libertadores. Ces deux années sont la consécration pour Piatti, qui est alors considéré comme l’un des meilleurs joueurs du championnat argentin, inscrivant pas moins de 19 buts en 73 matchs et en prenant part entière au bon fonctionnement du jeu de San Lorenzo même s’il ne peut disputer la finale retour à cause d’une directive de la FIFA quant à son futur transfert.

Piatti – Drogba : un beau duo de joueurs qui ont galéré avant de briller.
Star de MLS
À 29 ans et douché par ses ratés européens mais désireux de découvrir un nouvel horizon, Ignacio Piatti fait un pari en devenant le 3e joueur désigné de l’Impact Montréal, club canadien évoluant en MLS. Joueur désigné signifiant un footballeur pouvant recevoir un salaire plus important que les autres joueurs, soumis à un plafond fixé par la ligue, Piatti arrive avec le statut de star argentine, auréolé par son récent succès continental. Très vite acclimaté, l’Argentin prend part à 45 matchs en une saison et demi en MLS, inscrivant tout de même 16 buts et réalisant 13 passes décisives. Surtout, le joueur sait se montrer présent quand il faut, emmenant son équipe en finale de la Ligue des Champions de la CONCACAF (Amérique du Nord) qu’ils perdent face aux Mexicains de Cruz America malgré son but lors du match aller. Quatre mois plus tard, en août 2015, et alors que la superstar Didier Drogba vient de rejoindre les bords du Saint-Laurent, l’Impact Montréal accède à la finale du championnat canadien (qui est annexe à la MLS) mais perd de nouveau, ce coup-ci face aux Whitecaps de Vancouver. Portés par Drogba et par Piatti qui s’est trouvé une vocation de buteur, Montréal réalise une saison 2016 en dents de scie, mais parvient pourtant à obtenir le dernier ticket pour les playoffs. Là, les Québécois se débarrassent en quart de finale de DC United sur le score de 4 buts à 2, Piatti signant le dernier but avant de s’offrir un doublé lors de la victoire en demi-final retour face au New-York RedBulls (3-1 scores cumulés).
Ce soir, Ignacio Piatti et les siens auront ainsi la possibilité de prendre une option en vue d’un titre de champion de la Conférence Est de MLS et surtout de se qualifier pour la grande finale face aux champions de la Conférence Ouest. Un défi de taille, mais qui ne fait pas peur au véritable leader de Montréal, qui culmine à déjà 19 buts en 36 matchs pour 8 assists. Comme quoi parfois, ça vaut le coup de s’acharner.
Impact Montréal v Toronto FC (cette nuit au Stade Saputo)
Coup d’envoi 2h (heure française)
Match retour le jeudi 1er décembre au BMO Field de Toronto.
(Sources : www.us-full.com)