Les analystes s’arrachent les cheveux depuis plusieurs semaines sur la politique internationale illisible du nouveau président américain. Des choix contradictoires guidés par l’émotion pour beaucoup. Dans le cas de la Chine, force est de constater que d’autres facteurs, économiques et familiaux, entrent immanquablement dans le game. Ivanka et Donald Trump : good cop bad cop ?
Donald Trump n’a pas toujours eu le cœur mandarin. En 2012, on pouvait notamment lire sur son compte Twitter : «Le concept de réchauffement climatique a été inventé par et pour les Chinois dans le but de rendre l’industrie américaine non compétitive». Puis durant sa campagne, il a accusé la Chine de dévaluer artificiellement sa monnaie pour nuire au commerce extérieur des États-Unis. En appelant la présidente taïwanaise Tsai-Ing-Wen, il a également brisé une tradition de plusieurs décennies de respect de la politique de la Chine unique. De menus exemples de l’hostilité affichée du président milliardaire à l’égard de l’empire du milieu avant son arrivée au pouvoir.
Des pirouettes, pas pour des cacahuètes
La Chine, Donald y a pourtant des billes. Plusieurs produits au nom de Trump existent déjà en Chine (ordinateurs, cosmétiques). Quelques jours seulement après son accession à la Maison Blanche, Donald Trump apprend d’ailleurs qu’il va enfin pouvoir utiliser la marque à son nom pour développer une activité immobilière hôtelière, de bureau et dans le résidentiel en Chine, en tout 38 activités. La fin d’un combat juridique sur fond de propriété intellectuelle vieux de dix ans. De là à imaginer le Gouvernement chinois désireux de préchauffer leurs futures relations diplomatiques, il n’y a qu’un pas.

Trump parle de son homologue Xi Yinping @ Reuters/Carlo Allegri
Il est intéressant de constater que l’influence de sa fille Ivanka et son mari Jared Kushner dans l’entourage de Donald Trump – au détriment des idéologues de la campagne comme Stephen Bannon – grandit au moment où les liens avec la Chine se détendent. Les 6 et 7 avril, Xi Jinping et son épouse ont été reçus par le couple présidentiel, ainsi qu’ Ivanka et son mari dans la luxueuse demeure familiale de Mar-A-Lago, en Floride. Une rencontre organisée en sous-main par Jared Kushner selon divers spécialistes des coulisses politiques américaines.
Une famille en or
Pour l’occasion, Ivanka, femme d’affaires et fille de, a fait chanter en mandarin ses deux progénitures devant les yeux ébahis d’un Xi Jinping particulièrement sensible au travail des enfants. Une vidéo devenue virale en Chine. Le même jour, Pékin a donné son feu vert provisoire à la commercialisation de trois marques de sa société.
Au premier trimestre 2017, les ventes de produits de la société d’Ivanka Trump ont augmenté de 40 % en Chine. Car la first daughter s’est forgée une image forte en Chine, à tel point que certains spécialistes la décrivent comme un essentiel contrepoids à l’attitude critique de son paternel. Le 1er février, Ivanka Trump avait assisté à la réception de nouvel an à l’ambassade chinoise à Washington accompagnée de sa fille, Arabella. Une initiative aux airs de visite diplomatique, très appréciée, pour celle qui a désormais un bureau personnel à la Maison Blanche.
Enterrer le hashtag de guerre
Les menaces de surtaxe à l’importation de Donald Trump semblent désormais bien lointaines. Le président s’est justifié sur Fox News : « Qu’est-ce que je suis donc sensé faire ? Lancer une guerre commerciale contre la Chine pendant qu’elle est en train de travailler sur un problème franchement plus important, avec la Corée du Nord ? Je n’ai pas changé d’avis ». Il aura bien du mal à en convaincre l’opinion.