Réputé partout dans le monde grâce à des œuvres de l’ordre métaphysique, Olafur Eliasson revient au Canada près de 20 ans après son premier passage, tandis qu’il n’était qu’un artiste contemporain émergent d’Europe du nord. Sa « Maison des ombres multiples » s’inscrit dans la continuité de son style très épuré, où les lumières chevauchent les silhouettes sans vergogne.
Pour sa toute première expo au Musée des Arts Contemporains de Montréal (MAC), l’artiste danois (d’origine islandaise) Olafur Eliasson s’est approprié avec brio l’espace qui lui a été offert à l’occasion de son 50e anniversaire. Très sollicité à l’échelle internationale, il a profité de l’effervescence générée par le Festival international de jazz, pour placer ses œuvres fascinantes à l’abri du soleil canadien.

Ceci n’est pas un bracelet !
Bienvenue dans la « Maison des ombres multiples », où chaque pièce représente une prouesse découlant de sa passion plus qu’ostensible pour les sciences physiques. Il n’oublie pas cette fameuse substance aqueuse (l’eau), qu’il affectionne tant depuis son enfance, période où il naviguait entre ses deux pays de cœur. En Islande tout d’abord, où l’inspiration de ce dernier fut servie sur un plateau, tant l’île du nord-ouest de l’Europe regorge de curiosités à ciel ouvert, puis du côté de Copenhague où il prit goût à l’initiative avant de s’installer durablement dans un atelier du côté de Berlin.

“Your Space Embracer, 2004”
Trompe l’œil à tire-larigot
Que l’on soit jeune ou plus aguerri à l’échelle des connaissances, il y a de grandes chances pour que le labyrinthe d’Eliasson vous donne l’envie d’être exploré de bout en bout (du 21 juin au 9 octobre). Dans un but d’immerger son public en pleine nature grâce aux technologies du moment, l’artiste se soucie de nos sens, les met à rude épreuve grâce à diverses techniques maîtrisées, le tout avec la précision d’un horloger suisse. Perspectives inversées, jeux de lumières, l’homme à l’allure d’un hipster parisien tente de nous rouler dans la farine, de nous confondre dans « l’espace temps », et ça fonctionne comme par magie.

Et marche à l’ombre …
« Les gens doivent pouvoir s’identifier et se projeter dans les œuvres. Ils doivent pouvoir se dire : « Moi aussi, je peux faire ça. »

“Beauty, 1993”
L’illusion rythme l’exploration et d’entrée de jeu, une déclinaison circulaire de couleurs laisse songeur de par sa construction. Le génie se joue de la lumière, de nos capacités visuelles tout en laissant une petite piste de compréhension. Le « Miroir des ombres » donne le top départ de l’interaction qui va se poursuivre, nous menant de « Big bang Fountain 2014 » jusqu’au « Rideau de bruine ; Beauty 1993 », un spectre lumineux saisissant. Le clou du spectacle : « Maison des ombres multiples », n’est autre qu’une copie conforme de sa résidence secondaire à la structure boisée, revisitée à la sauce Eliasson, soit une savante juxtaposition de modernisme sur de la matière brute.
(Sources : www.us-full.com, www.lapresse.ca)