Pour le magazine Rolling Stone, « Is This it » est le 199e meilleur album de tous les temps, le 48e sur 50 des albums qui ont changé la musique selon The Observer. Chez Us Full, on adore également le premier album des Strokes, surtout pour son côté historique qui a vu le groupe new-yorkais obtenir la mention de « Sauveurs du Rock », dans une période de torpeur ambiante au début des années 2000. Une très bonne idée pour lancer sa carrière !
En 2001 lors de la médiatisation du groupe The Strokes, avec leur premier né « Is this it », le monde découvre l’univers du réputé maniaque Julian Casablancas, auteur compositeur à la voix atypique, parfois singulière mais terriblement efficace. Dans une période où les Charts internationaux étaient dominés par les tubes de Daft Punk, de Moby ou par les Hits Hip Hop et R’n’B, le groupe new yorkais a ouvert la voie à un retour en force du rock garage, permettant à d’autres groupes qui sévissaient sur la scène alternative de franchir le cap (Franz Ferdinand, The White Stripes, The Hives…). Le Royaume-Uni a adoré cet album, il a été suivi par une importante majorité sur la planète. Le phénomène Strokes est né ainsi, il perdurera près d’une décennie. Aujourd’hui plus de quinze années plus tard, on joue toujours du “Is this it” dans les soirées, certains tubes sont désormais gravés dans les mémoires. DJ du Café Chéri dans le 20e arrondissement de Paris, Brice De La Corte se rappelle de cette période charnière : ” Pour moi les Strokes ont voulu montré une facette du rock plus brutale, plus dansante, en réponse à des groupes d’intellos type Radiohead par exemple. Cette époque marque aussi le retour en force du format single dans le rock. C’est “Hard to explain” que j’ai préféré, mais “Last Nite” restera le tube de cet album.”
Un album crade en surface seulement
Il a fallu s’y prendre à deux fois pour enregistrer « Is this it », faisant suite au prometteur premier EP des Strokes : « The Modern Age ». Finalement, après une décision collégiale, les membres du groupe ont décidé de tout finaliser à grands coups de ProTools dans un sous-sol mal éclairé d’un immeuble d’East Village en plein Manhattan, sous la houlette de Gordon Raphael. L’idée principale demeurait de parler de New York, ville dans laquelle Casablancas se sentait à l’époque enfermé comme dans une prison dorée. Il y connaît les moindres recoins qu’ils soient visibles ou plus “underground” depuis son enfance et retranscrit un semblant de mal être à travers ses chansons, comme dans la peau de bon nombre de new-yorkais aspirés par le quotidien (Alone, Together), ou par la drogue et les autres débordements (Soma)…
Un son volontairement crade (lo-fi*) fait du premier Strokes une pure merveille, méticuleusement bien ficelée. Il commence avec un semblant de ballade « Is this it », sorte de fausse piste, puis prend une tournure plus mouvementée sitôt le second morceau enclenché : “The Modern Age”, pour continuer dans une lignée similaire jusqu’à la fin du projet. Énergique, rythmé, pêchu, il y a de quoi secouer la tête pendant plus d’une demi heure. Sur la pochette de l’album (version US), on y voit un gant de velours posé sur une fesse nue, sorte de caresse dans le sens du poil qui radoucit avant l’onde de choc. Tout a été calculé sur du papier millimétré.

La play list de l’édition vinyle
En France, ce sont « Oui FM » et la Radio « Mouv’ », anciennement « Le Mouv’» qui balancent du Strokes à gogo, particulièrement le très pop « Last Nite » tout comme l’incontournable « Someday » utilisé de nombreuses fois pour illustrer du documentaire ou du reportage. A chaque fois, les guitares nous transportent et on devient facilement réceptif devant tant de frustration démesurée. En effet, Casablancas a grandi avec une cuillère d’argent, fils du créateur de l’agence de mannequins Élite : John Casablancas. Lui et sa bande de petits bourgeois racontent aussi cet environnement où rien ne leur est refusé, qui plus est lorsqu’on prétend devenir des stars du rock. Le groupe devient vite populaire, vendant à merveille son concept de vieux groupe débarqué dans le futur pour s’adapter au nouveau millénaire. Les albums suivants ont connu un succès relatif, mais n’ont jamais atteint l’aura du premier né.
New York City Cops, l’exception américaine
Il y a eu un couac lorsque The Strokes est rentré de sa première tournée européenne. Tandis qu’ils s’apprêtaient à revenir triomphant à New York, les attentats du 11 septembre 2001 les ont choqués comme beaucoup d’entre nous. Eux les joyeux lurons qui avaient composé un pamphlet à propos des flics new-yorkais, ont volontairement bouleversé la version américaine de leur album, préférant souligner la solidarité en cette période de recueillement, ainsi que le travail exemplaire de la NYPD (NewYork Police Department), plutôt que de tailler gratos et ainsi, se mettre à dos une potentielle partie de l’opinion publique. Exit “New York City Cops”, qui restera néanmoins dans l’édition vinyle et dans tout le circuit europe, The Strokes l’a remplacé par « When it started » tout aussi jovial, mais bien plus neutre en terme de pensées satiriques.
Bref,“Is This it” c’est un incontournable de toutes discothèques éclectiques qui se respectent …

A gauche version USA, à droite version reste du monde
Is this it (2001) / Label RCA
Julian Casablancas (chant), Albert Hammond Jr (guitare), Fabrizio Moretti (batterie), Nick Valensi (guitare), Nikolai Fraiture (basse)
(Sources : www.us-full.com)